Thème central d'Enerj-Meeting, l'efficacité énergétique brasse d'autres problématiques, comme la réflexion en amont des projets et la concertation des acteurs. La société Artelia et la Ville de Paris ont notamment partagé leur retour d'expérience sur un CPE conclu pour 140 écoles de la capitale. Mais le rôle du cadre de vie a aussi été mis en lumière.
Le thème de l'efficacité énergétique est évidemment le fondement d'Enerj-Meeting, dont l'édition 2019 s'est tenue au Palais Brongniart, à Paris, ce jeudi 7 février 2019. Pour autant, ce sujet brasse en réalité un grand nombre de problématiques, à l'instar de la réflexion en amont des projets et de la concertation des acteurs, des méthodologies auxquelles les équipes ont de plus en plus recours. Pour illustrer cette tendance, la société Artelia et la Ville de Paris ont partagé leur retour d'expérience sur un CPE (Contrat de performance énergétique) conclu pour rénover énergétiquement quelques 140 écoles de la capitale. D'une durée de 15 ans, ce contrat symbolise la collaboration entre une collectivité territoriale et une entreprise privée afin d'accroître l'efficacité énergétique de bâtiments du service public. Sébastien Kafi, responsable des CPE chez Artelia : "Les actions de rénovation menées dans les écoles ont été nombreuses, de l'isolation des combles à celle des planchers, en passant par le changement des ouvrants, sans oublier l'installation d'éclairages LED, de chaudières à condensation et la végétalisation des sites". En outre, un contrat a aussi été passé avec Engie pour le pilotage intelligent de chaque radiateur.
Avec ce CPE, Artelia et la municipalité parisienne espéraient bien inverser le ratio gains/coûts du bâti, qui s'établit généralement à 11% contre 45%. Mais ce retour d'expérience nous apprend cependant que certaines prérogatives doivent être respectées pour obtenir des résultats tangibles : "Les clés du succès d'un CPE sont nombreuses", affirme Julien Li Yung Hsiang, chef de la mission CPE écoles à la direction des constructions publiques et de l'architecture de la Ville de Paris. "D'abord, il faut avoir une connaissance détaillée de la situation initiale, et ensuite porter une grande attention à la phase de conception. Pour garantir des travaux de qualité, on peut aussi recourir à des fiches d'autocontrôle, du commissionnement ou encore du pilotage. L'association des équipes d'exploitation doit par ailleurs se faire dès la phase de conception-réalisation, et il faut également porter une attention certaine aux attentes des occupants."
"Consommer moins d'énergie en étant en mauvaise santé n'est pas un progrès"
Pour conclure cette journée d'échanges consacrée à l'efficacité énergétique et environnementale du bâtiment, l'architecte Denis Dessus a pris la parole pour préciser que, si les besoins matériels sont évidemment à prendre en compte dans un chantier de rénovation, il ne faut pas pour autant oublier les besoins humains. "Je me tue à dire depuis des années qu'il ne faut pas parler de rénovation énergétique mais de rénovation dans son ensemble, pour améliorer le mieux-être quotidien", a déclaré le président du Conseil national de l'ordre des architectes (Cnoa). "L'urbanisme s'inscrit toujours dans un temps très long : quand on construit un bâtiment, c'est au moins pour 50 ans. Les réponses techniques et humaines doivent donc être adaptées, pour que les bâtiments futurs rendent possible, à moindre coût et à moindre nuisance, la rénovation de demain." Invoquant un "diagnostic de l'usage", l'architecte a martelé que la rénovation comme la construction doivent se faire au cas par cas. L'idée est aussi de dépasser la notion de confort thermique en répondant aux besoins physiologiques, psychologiques et sociétaux des individus : "Évidemment que la rénovation énergétique est importante, mais il faut penser à l'ensemble du cadre de vie : consommer moins d'énergie en étant en mauvaise santé n'est pas un progrès".